• Sentir sur ma lèvre appauvrie
    Ton dernier baiser se gercer,
    La mort dans tes bras me bercer...
    Me déshabiller de la vie!...

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  • Mon coeur était jadis comme un palais romain,
    Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
    Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
    L'envahirent, la hache ou torche à la main.

    Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
    Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares
    Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares;
    Et les ronces avaient effacé le chemin.

    Je suis resté longtemps seul, devant mon désastre.
    Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,
    Passèrent, et j'ai, là, vécu d'horribles jours;

    Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière,
    Et, bravement, afin de loger nos amours,
    Des débris du palais j'ai bâti ma chaumière.


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  • Ma seule amour, ma joie et ma Maîtresse,
    Puisqu'il me faut loin de vous demeurer,
    Je n'ai plus rien, à me réconforter,
    Q'un souvenir pour retenir liesse.

    En allégeant pas Espoir ma détresse,
    Me conviendra le temps ainsi passé,
    Ma seulen amour, ma joie et ma Maîtresse
    Puisqu'il me faut loin de vous demeurer.

    Car mon coeur las, bien garni de tristesse,
    S'en est voulu avec vous aller,
    Et ne pourrai jamais le recouvrer
    Jusque verrai votre belle jeunesse,
    Ma seule amour, ma joie et ma Maîtresse.


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  • Mon amant me délaisse,
    Ô gué vive la rose,
    Je ne sais pas pourquoi,
    Vive la rose et le lilas.

    Il va t'en voir une autre,
    Ô gué vive la rose,
    Ne sais s'il reviendra,
    Vive la rose et le lilas.

    On dit qu'elle est très belle,
    Ô gué vive la rose,
    Bien plus belle que moi,
    Vive la rose et le lilas.

    On dit qu'elle est malade,
    Ô gué vive la rose,
    Peut-être qu'elle en mourra,
    Vive la rose et le lilas.

    Si elle meurt dimanche,
    Ô gué vive la rose,
    Lundi on l'enter'ra,
    Vive la rose et le lilas.

    Mardi il r'viendra m'voir,
    Ô gué vive la rose,
    Mais je n'en voudrai pas,
    Vive la rose et le lilas.


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  • Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
    S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
    Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
    De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

    Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
    Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
    Voluptueusement berçons notre faiblesse
    Dans l'océan du soir morne et silencieux.

    Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
    Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
    Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

    Calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
    Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
    Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes?


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