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    Un jour je serai ce que je veux.

    Un jour je serai poète
    Et l'eau se soumettra à ma clairvoyance.
    Métaphore de la métaphore que ma langue
    Car je ne dis ni n'indique
    Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.
    Je suis de là-bas.
    Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination...
    Je suis qui je fus, qui je serai
    Et l'espace infini me façonne, puis me tue.
    ...


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  • Tu auras de la craie pour dessiner mes fuites
    sur l'horizon poudreux qu'enflamme un cavalier.
    Viens, je t'attends.

    Tu auras de la mousse à calfeutrer les vides
    au coeur de mon cerveau en pleine hibernation.
    Viens, je t'attends.

    Tu auras un nuage où le ciel s'emmitoufle
    Quand il veut adoucir un soleil trop brûlant.
    Viens, je t'attends.

    En compagnie de mes licornes familières,
    et pour aller chasser le dragon ou la puce.
    Viens, je t'attends.


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  • La vie est simple et gaie
    Le soleil clair tinte avec un bruit doux
    Le son des cloches s'est calmé
    Ce matin la lumière traverse tout
    Ma tête est une lampe rallumée
    Et la chambre où j'habite est enfin éclairée

    Un seul rayon suffit
    Un seul éclat de rire
    Ma joie qui secoue la maison
    Retient ceux qui voudraient mourir
    Par les notes de sa chanson

    Je chante faux
    Ah que c'est drôle
    Ma bouche ouverte à tous les vents
    Lance partout des notes folles
    Qui sortent je ne sais comment
    Pour voler vers d'autres oreilles

    Entendez je ne suis pas fou
    Je ris au bas de l'escalier
    Devant la porte grande ouverte
    Dans le soleil éparpillé
    Au mur parmi la vigne verte
    Et mes bras sont tendus vers vous

    C'est aujourd'hui que je vous aime


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  • Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
    Contre les portes de la nuit
    Et les passants qui passent les désignent du doigt
    Mais les enfants qui s'aiment
    Ne sont là pour personne
    Et c'est seulement leur ombre
    Qui tremble dans la nuit
    Excitant la rage des passants
    Leur rage leur mépris leurs rires et leur envie
    Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
    Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
    Bien plus haut que le jour
    Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

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  • D'Amour qui m'a ravi à moi-même
    sans vouloir me garder pour lui,
    je me plains tout en lui accordant
    de faire de moi son plaisir.
    Pourtant, je ne puis m'empêcher
    de m'en plaindre, et voici pourquoi :
    ceux qui le trahissent, je les vois
    souvent atteindre le bonheur,
    et moi j'y échoue par ma bonne foi.

    Si Amour, pour glorifier sa loi,
    veut convertir ses ennemis,
    il a raison, à ce que je crois,
    car il ne peut faillir aux siens ;
    et moi qui ne peux me séparer
    de celle devant qui je l'incline,
    je lui envoie mon coeur qui lui appartient;
    mais je crois la servir bien peu
    en lui rendant ce que je lui dois.

    Dame, de ce que je suis votre vassal,
    dites-moi si vous m'en savez gré.
    Non, pour autant que je vous aie bien connue,
    mais il vous déplaît de m'avoir à votre service.
    Du moment que vous ne m'acceptez pas,
    je vous appartiens dès lors malgré vous ;
    mais si jamais de quelqu'un vous devez
    avoir pitié, souffrez ma présence,
    car je ne puis servir une autre personne.
    Jamais je n'ai bu du philtre
    dont Tristan fut empoisonné,
    mais je suis rempli d'un grand amour
    par un coeur loyal et une ardente volonté.
    Je dois consentir à cet amour de mon plein gré
    car je n'ai subi aucune contrainte :
    je n'ai fait que suivre mes yeux
    qui m'ont engagé dans une voie
    dont jamais je ne sortirai ni ne suis jamais sorti.

    Coeur, si ma dame ne t'aime pas,
    pour autant ne t'en sépare jamais :
    demeure toujours en son pouvoir
    puisque tu l'as commencé et entrepris.
    Jamais, si tu m'en crois, tu n'aimeras davantage.
    Mais que les difficultés ne te découragent pas !
    Le bien s'apprivoise avec le temps,
    et plus tu l'auras désiré,
    plus tu auras de plaisir à le goûter.

    J'aurais obtenu sa pitié, je pense,
    si elle avait été à la mesure
    du monde quand je l'invoque ;
    mais je crois qu'elle y est étrangère.
    Jamais je ne cesse, jamais je ne laisse
    de prier ma douce Dame,
    que je prie et supplie sans succès
    en homme qui ne sait plaisanter
    quand il faut servir et louer Amour.


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