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Votre silence s'impose et affaiblit mon âme
De mon regard d'enfant ne jaillissent plus de flammes
C'est le fracas des vagues qui me parle le plus
Que ce bout de falaise, il ne me reste plus.
Malgré moi je vous aime, et vous admire tant
D'une preuve d'amour, vous en coûte-t'il tant ?
Et je parle en silence, me surprends à chanter
Fais vibrer de mes larmes ces mots inespérés
L'horizon est lointain, ma vie entre vos mains
Et de vous supplier, je clame mon chagrin.
Mes dessins s'assombrissent mais ne vous parlent pas
Mes poèmes sont tristes, ils sont tout comme moi
L'ivresse des nuages est ma seule gaieté
Elle fige mon sourire quand je suis allongé
En haut de la falaise, et les bras repliés
Telle une mise en terre, sans caveau ni curé.
Qu'ai-je donc à souffrir, je ne manque de rien
De l'amour qu'on me donne, on me le donne en biens
Une simple caresse, deux mots dit de tout près
M'aideraient tout de même à me sentir aimé.
Mais le mensonge est là, il crucifie mon être
Telle une religion qui m'oblige à paraître
Et qui sournoisement se déguise en comptine
Mais qui embrase en moi ces souffrances enfantines.
Alors, plutôt que de céder à l'attrait de la mort
Je me tais à jamais et ne mens plus à tort
Je vous laisse corrompre la joie et l'innocence
Je me terre à regret au fond de mon silence.
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Nous allons !
Par la douleur et les pleurs, par cette bouffée d'air
On nous pousse à la vie sans commune manière
De la chaleur d'un sein à ces bras qui nous portent
On reçoit l'affection, mais notre tête est morte.Nous saignons !
L'adulte se suspend à ses rêves d'enfant
L'enfant qui d'un ballon les vivait pleinement
On souffre malgré soi mais on entend le Monde ;
L'existence et la mort à jamais se confondent.Nous raillons !
C'est la seule lueur, qui pourtant anodine
Nous ramène à la vie, aux bouchées d'amandine
Dans ce passé défunt qui amorça nos liens
Que plus rien ne rappelle, si ce n'est le chagrin.Nous bravons !
Plutôt que, d'une main apposer la tendresse
D'une larme partager l'oppressante tristesse
De réveiller son coeur pour héberger sans gloire
Celui qui sans compter, bat, esseulé dans le noir.Nous trahissons !
Nos amitiés et nos amours, de ne savoir les reconnaître
L'éternité, par notre envie de disparaître
Notre bonheur, de ne pouvoir le partager
Notre mémoire, qui n'a de cesse d'oublier.Nous finissons !
Comme nos larmes que l'on pousse à l'exil
Seul et tremblant, dans nos pensées dociles
Nos âmes chères sont parties en aimant
Il n'est pas triste de mourir à présent.
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Je ne veux pas être celui
Qui jette, sans compter, tous ses souvenirs au passant.
Je ne veux pas être celui
Qui, décrochant son coeur, tout entier le répand
Parmi les feux du jour et les vents de la nuit.Mon coeur ne tomberait qu'en des lumières fausses
Et qui le frapperaient comme une injure.
Et mes chers souvenirs, qu'il garde en ma poitrine obscure, Mes enterrés vivants, sitôt qu'ils auraient fui leur fosse, Seraient soudain comme des morts dans la nature.Mes souvenirs, si vifs en moi qui suis leur tombe,
Seraient comme des morts dès qu'ils en sortiraient.
Car, ô vulgaire vie, ô vulgaire ! ils ne trouveraient,
Mes souvenirs et mes amours ne trouveraient
En toi qu'une étrangère, et même tes colombes,
En les frôlant d'un coup d'aile, les briseraient...Si fiers, si délicats, oh ! si craintifs de cette vie,
Si fragiles à caresser,
Qu'ils ne pourraient toucher même une oreille amie
Sans s'y blesser !Il faut fermer la porte intérieure,
Il faut tenir sous clef ton enfance avec ses lueurs,
Avec ses chauds bourdonnements d'essaims lointains.
Avec les cendres de ton père et de ta mère,
Et les illusions, et tout ce qui fut éphémère,
Et qui fleurit encore au soleil caché dans ton sein.Tes morts, ils sont, toujours vivante, ta jeunesse.
Pour ne pas ébranler leur cendre,
Ne parle d'eux qu'à toi,si bas que l'on ne puisse entendre. Toi seul tu peux, mais bas, parler encore à ta jeunesse.
Ne lance pas ta cendre à l'Étrangère,
À son souffle qui vole en paroles légères
Sans cesse !
Tes souvenirs, tes morts y perdraient leur secrète vie,
Et toi, cherchant en vain leur âme enfuie,
Tu perdrais avec eux ta dernière jeunesse.
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Pèlerin magnifique en palmes de mémoire
(Ô tes pieds nus sur le blasphème des rouliers!)
Néglige les crachats épars dans le grimoire
Injuste des crapauds qui te sont des souliers.Enlinceulant ta rose horloge d'existence,
Évoque ton fantôme à la table des fols
Et partage son aigle aux ailes de distance
Afin d'apprivoiser la foi des tournesols.De là, miséricorde aux bons plis de chaumière
Avec un front de treille et la bouche trémière,
Adopte les vieux loups qui bêlent par les champs.Et régénère leur prunelle douloureuse
Au diamant qui rit dans la houille des temps
Comme l'agate en fleur d'une chatte amoureuse.
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Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne ouis demeurer loin de toi pklus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
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