• Mon amant me délaisse,
    Ô gué vive la rose,
    Je ne sais pas pourquoi,
    Vive la rose et le lilas.

    Il va t'en voir une autre,
    Ô gué vive la rose,
    Ne sais s'il reviendra,
    Vive la rose et le lilas.

    On dit qu'elle est très belle,
    Ô gué vive la rose,
    Bien plus belle que moi,
    Vive la rose et le lilas.

    On dit qu'elle est malade,
    Ô gué vive la rose,
    Peut-être qu'elle en mourra,
    Vive la rose et le lilas.

    Si elle meurt dimanche,
    Ô gué vive la rose,
    Lundi on l'enter'ra,
    Vive la rose et le lilas.

    Mardi il r'viendra m'voir,
    Ô gué vive la rose,
    Mais je n'en voudrai pas,
    Vive la rose et le lilas.


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  • Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
    S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
    Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
    De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

    Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
    Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
    Voluptueusement berçons notre faiblesse
    Dans l'océan du soir morne et silencieux.

    Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
    Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
    Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

    Calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
    Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
    Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes?


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  • Viens, accours, fille joile!
    Viens, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin,
    Qui, partout, dans cette vie,
    Suit le pauvre pèlerin.

    Qu'un autre, envieux de la gloire
    Dans le tracas coule ses jours;
    Moi, toujours
    Riant de ce mot illusoire,
    Je n'ai que la soif des amours!

    Viens, accours, fille joile!
    Viens, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin,
    Qui, partour, dans cette vie,
    Suit le pauvre pèlerin.

    Qu'un buveur, la tasse remplie,
    Aux coteaux consacre ses jours;
    Moi, toujours,
    Sans goût savourant l'ambroisie,
    Je n'ai que la soif des amours!

    Viens, accours, fille jolie!
    Vien, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin
    Qui,partout, dans cette vie,
    Suit le pauvre pèlerin.

    Qu'un ladre, accumulant sans cesse,
    Sur ses trésors traîne ses jours;
    Moi, toujours,
    Méprisant honneur et richesse,
    Je n'ai que soif des amours!

    Viens, accours, fille joli!
    Vien, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin,
    Qui, partout, dans cette vie
    Suit le pauvre pèlerin.

    Qu'un Anglais trace sur la tombe
    Des vers sombres comme ses jours;
    Moi, toujours
    Sur des fleurs ma lyre retombe;
    Je n'ai que soif des amours!

    Viens, accours, fille joli!
    Vien, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin,
    Qui, partout, dans cette vie
    Suit le pauvre pèlerin.

    Le temps éteindra sous ses ailes
    Les feux ardents de mes beaux jours;
    Moi, toujours,
    Je serai galant près des belles;
    Je n'ai que soif des amours!
     
    Viens, accours, fille joli!
    Vien, que j'oublie en ton sein
    Le chagrin...


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  • Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
    Au fond d'un monument construit en marbre noir,
    Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
    Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

    Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
    Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
    Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
    Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

    Le tombeau, confident de mon rêve infini
    (Car le tombeau toujours comprendra le poète),
    Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

    Te diras,: "Que vous sert, courtisane imparfaite,
    De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"
    -Et le ver rongera ta peau comme un remords.


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  • J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans

    Un gros meuble à tiroirs encombrés de bilans,
    De vers, de billets doux, de procès, de romances,
    Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
    Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
    C'est une pyramide, un immense caveau,
    Qui contient plus de morts que la fosse commune.
    -Je suis un cimetière abhorré de la lune,
    Où comme des remords se traînent de longs vers
    Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
    Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
    Où gît tout un fouillis de modes surannées,
    Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
    Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

    Rien n'égale en longueur les boiteuse journées,
    Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
    L'enui, fruit de la morne incuriosité,
    Prend les proportions de l'immoralité.
    -Désormais tu n'es plus, ô matière vivante!
    Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
    Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux;
    Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
    Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
    Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.


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