• Les joujoux de la morte (Théophile Gautier)

    La petite Marie est morte,
    Et son cercueil est si peu long
    Qu'il tient sous le bras qui l'emporte
    Comme un étui de violon.

    Sur le tapis et sur la table
    Traîne l'héritage enfantin.
    Les bras ballants, l'air lamentable,
    Tout affaissé, gît le pantin.

    Et si la poupée est plus ferme,
    C'est la faute de son bâton ;
    Dans son oeil une larme germe,
    Un soupir gonfle son carton.

    Une dînette abandonnée
    Mêle ses plats de bois verni
    A la troupe désarçonnée
    Des écuyers de Franconi.

    La boîte à musique est muette ;
    Mais, quand on pousse le ressort
    Où se posait sa main fluette,
    Un murmure plaintif en sort.

    L'émotion chevrote et tremble
    Dans : Ah ! vous dirai-je maman !
    Le Quadrille des Lanciers semble
    Triste comme un enterrement,

    Et des pleurs vous mouillent la joue
    Quand la Donna é mobile,
    Sur le rouleau qui tourne et joue,
    Expire avec un son filé.

    Le coeur se navre à ce mélange
    Puérilement douloureux,
    Joujoux d'enfant laissés par l'ange,
    Berceau que la tombe a fait creux !


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